Je vous partage le texte de mon exposition qui avait eu lieu à la tour médiévale de Morestel en octobre 2024. J'avais affiché ce texte à l'entrée de la salle pour expliquer ma démarche de peindre tous ces paysages et marqué mon départ.
" J’espérais trouver l’amour en quittant Paris. Et il y avait eu un coup de foudre. En rendant visite à des amis d’enfance, j’ai eu cette sensation : le mouvement du monde s’est arrêté, pour un instant.
Je le rencontre, lui ! Il me fait découvrir ses endroits préférés, en pleine nature.
Sous le charme, se dévoile un sentiment fort. J'ose faire confiance à nouveau. Mon coeur palpite, mes mains sont moites, je perds mes mots, je me laisse envahir de désir. Je le regarde admirative et rougis lorsqu’il me regarde et me complimente.
Nos rendez-vous amoureux cessent subitement. L’incompréhension et l’angoisse de la séparation m’envahissent. Après quelques mois de réflexion, pour que notre relation se développe, je décide d’emménager dans nos paysages. Je fais beaucoup d’espace. J’associe mon désir de relation et mon souhait de peindre en pleine nature. Je pars pleine d’ambition, d’espoir, armée de patience, d’espérance. Je retourne dans chaque endroits. Je me remémore nos bons moments. Je dessine, peins, j’expérimente dans ce paysage qui symbolise cette rencontre. Ma peinture devient souvenir et m’accompagne vers l’embrassement de la réalité : ne plus être avec lui.
Mes émotions sont au service de mon geste et mon regard retranscrit la nature qui m’enveloppe. L’attente, la patience, la distance et la proximité ont dansé ensemble. Nous nous sommes retrouvés, jamais vraiment quittés. Ni trop proche, ni trop loin.
J’ai vécu l’espoir et le désespoir, la proximité et la distance, les confidences et les silences, puis la confusion, le flou, les non-dits, les mensonges et la trahison.
Comment savoir si je suis dans l’espérance ou l’illusion alors qu’il y a mensonge de sa part ?
Je comprends après des mois que tout cela doit cesser. Il y a la lumière sur ce que j’avais occulté. J’accepte la réalité : je ne vis pas ce que j’espérais.
Ma peinture est resté mon socle. Stable, elle a accueilli tout mon cheminement de doutes qui envahit même mes capacités de création. Mes tableaux sont un pont entre l’invisible et le visible vécu ces deux dernières années. J’ai usé de cette frustration comme énergie au service de ma peinture. Elle ne m’a pas paralysé. Je lui ai donné une voix. Tout comme le manque, le désir, l’envie, la joie, j’en ai créée un espace où mon deuil se transforme en acceptation. Ce qui n'est plus peut aussi prendre vie, autrement.
Je travaille mon regard et multiplie mes perceptions pour ne pas fermer mon coeur. Je continue d’en agrandir l’espace. Alors au lieu d’une déclaration d’amour dans cette ville, symbolique d’une relation qui m’aura profondément mise en mouvement, c’est un adieu libérateur. "